Dans cet épisode palpitant, nos truculants héros bravent vents et marées pour se nourrir, inspectent le travail d’Obelix et font de l’alpinisme.
Le 31 août, nous quittons Nantes pour le Morbihan, les dolmens et les alignements de menhir. En Bretagne, il y a du vent, c’est confirmé. Dans notre imaginaire collectif, on dit aussi qu’il y a de la pluie, par chance, on commence avec un grand ciel bleu. On passe l’après-midi sur nos vélos dans le golfe du Morbihan, à prendre des petits ferrys entre deux coups de pédales.
Le lendemain on arrive à Locmariaquer puis Carnac où, croyions-nous, Obelix a aligné tout ses menhirs et construit des dolmens. Ces pierres nous titillent la curiosité. Qui les a construit? Pourquoi?
Didier continue son entraînement d’escalade, sur des menhirs ce coup-ci.
Le soir on teste pour la première fois un “oirmshaouérse” (warmshowers dans le texte): une communauté de cyclistes qui propose de s’héberger parmi. Michel et Marie ont accepté de nous prendre pour la nuit. Ils nous accueillent chaleureusement et nous racontent leurs aventures de vélo et camping sauvage en Suisse allemande, le tout arrosé de cidre et de bonnes crêpes. On dort comme des pierres.
Objectif du jour suivant: un autre tas de gros caillous. Nous allons voir le cairn de Gavrinis, une mystérieuse tombe néolithique, la seule de Bretagne dont la quasi totalité des blocs sont gravés d’intriguantes figures géométriques. Pour y aller nous essayons le chemin pédestre GR34 avec nos vélo. C’est beau mais pas rapide. On doit régulièrement porter les vélos pour passer des obstacles, comme par exemple les portillons à coude anti-vélo!
Les marées nous impressionnent. Dans le golfe du Morbihan, il y a le deuxième courant le plus fort d’Europe. Est-ce le même endroit?
Le soir, nous nous installons pour la nuit à côté des alignements de Carnac afin de pouvoir se balader entre les menhirs sous les étoiles et la pleine lune. Non, le but n’était pas de danser tout nu en invoquant les korrigans…mais de pouvoir simplement entrer dans le périmètre des menhirs, car c’est interdit entre juin et septembre hors visite guidée.
Nous allons finalement au musée de la préhistoire de Carnac où nous espérons en apprendre un peu plus sur l’origine des alignements et dolmens. Le mythe tombe, ce n’était pas Obelix ni les irréductibles gaulois qui ont construit ses alignements, mais des peuples néolithiques entre -4500 et -2500 avant JC, bien avant les pyramides ou Jules César. Ils étaient sédentaires et avaient des jolies haches en pierre polie et… c’est tout ce qu’il y a à savoir. On ne sait ni qui, ni pourquoi. Il ne reste rien de ces cultures, juste un mystère complet.
Nous repartons. Cette partie de la Bretagne est faite de longues plages et de languinantes dunes. On teste les petits chemins de sable: ça ne roule pas, à nouveau, on pousse les vélos.
On retrouve Benjamin, un ami breton qui habite Lorient. On passe la soirée à la plage, et on teste la cuisine et le bivouac au sable! C’est une chouette expérience, mais une fois est suffisante.
On prend tout de même le train entre Lorient et Quimper puis on se met en route pour la pointe de Crozon: ça monte et ça descend, autant la route que le temps.
Depuis le camping de la plage de Goulien, on prend les vélos et un picnic pour une balade autour de la pointe. De ce bout de la Bretagne droit sur l’Atlantique, on peut voir les nuages se lancer à l’assaut du continent. Énormes et impitoyables, ils volent toutes voiles dehors au-dessus de nos têtes, impatients d’assaillir des armées de parapluie. Ici, pas de pluie, ils préfèrent jouer avec le bouton du thermostat : écharpe pas d’écharpe? Pull pas pull? Des questions existentielles qui occupent Didier toute la journée. Nous admirons tout de même la géologie saisissante de la presqu’Île ainsi que sa flore toute particulière d’ajoncs et de bruyère.
Le lendemain on va faire une balade autour de Camaret-sur-Mer avec un objectif bien particulier en tête: des fish’n’chips sur le port pour midi. Nous avions oublié quelques détails dans notre planification: 1) les fish’n’chips sont une spécialité anglaise, pas française; 2) avec notre célérité habituelle midi devient 14h30; 3) nous sommes un lundi, jour de congé des restaurateurs. Nous tournons affamés pendant trois quarts d’heure sur le kilomètre de restaurants du port sans succès, même en se rabattant sur les moules frites puis la boulangerie. Aujourd’hui ce sera picnic à nouveau…
À la pointe de Crozon, nous serons restés trois nuits au camping, un coin de surfeurs. Remplacez les planches par des cordes et on se croirait dans un camping de grimpeurs. A côté il y a une belle plage où nous soupons et profitons de magnifiques couchers de soleil.
Après l’Atlantique, en route pour les montagnes! On part pour les monts d’Arrées. On prend de nouveaux de vieilles voies ferrées, mais sans train ce coup-ci.
Les monts d’Arrées, point le plus haut de la Bretagne, culminent à 385m.
Nous sentons l’air alpin: la nuit est fraîche. On a bien fait de trimballer nos tisanes pendant 3 mois: on les utilise pour la première fois. Le matin on se réveille tranquillou avec le soleil. Sans se presser, on fait notre café et un bon petit déj’ avec des pommes ramassées la veille. On prend la route et bam! On se prend un brouillard brumisant à couper au couteau. On ne voit pas à 20m. Comme tout alpiniste vous le dira, la météo peut tourner très vite en montagne. On s’en sort en trouvant des petits chemins de terre à travers champs pour éviter la grosse route sous le brouillard.
À Crozon avec les fish’n’chips, nous avons perdu une bataille mais pas la guerre. Nous arrivons sur la côte nord, près de Morlaix. Ce coup-ci Chloé prévoit le coup et identifie un charmant restaurant, avec vue sur le port et moules frites au menu. On s’envole en fonçant vers notre assiette. On arrive vers 13h… complet. Pas de restaurant, ni épicerie, ni supermarché dans les 15 prochains kilomètres. Nos provisions sont composées de trois pommes, un fond de Nutella et une vieille grappe de raisins. À 16h30 nous dévalisons à Plougasnou la première boulangerie que nous rencontrons. La police nous cherche encore.
Le soir, nous arrivons à Locquirec. Finalement, nous trouvons un restaurant avec des moules frites et des fish’n’chips. L’attente a été longue mais valait la peine. On se régale. Nous campons repus et heureux 1km plus loin.
Ecrit le September 9 , 2020 par Chloé et Didier