Un cyclovoyage Jeux de mollets à Carpate

(Cyclo)voyage: les dôles aux mites

Dans cet épisode, retrouvez nos héros trépidants à l’assaut des tunnels, des cols et des cimes des Dolomites. Découvrez leurs secrets pour des tours en voiture endiablés, la cuisson des oeufs durs, ou des aventures (g)astronomiques.

Après le lac de Sorapiss, nous nous déplaçons à Cortina d’Ampezzo, ancienne et futur ville olympique, le Chamonix des Dolomites. Pour y arriver on se fait prendre en stop par un sympathique italien germanophone. Le ton est immédiatement donné pour le morceau de voyage à venir: les Dolomites ont plus longtemps été autrichiennes qu’italiennes. Les gens du coin parlent originellement le Ladin (le Romanche local) ou l’Allemand.

Le surlendemain nous nous attaquons à un grand classique: le tour des Trois Cimes. Alors que nous faisons du stop, Didier disparaît quelques secondes. Un jeune homme dans une rutilante voiture de sport s’arrête alors, espèrant sans aucun doute embarquer une jolie jeune fille, seule. Ce coup-ci, il prendra aussi le bonhomme qui va avec.

Pour raccourcir la longue balade à pied, il est possible de monter au pied de la balade des Trois Cimes en voiture ou en bus. Avec le dos de Chloé nous nous décidons de finir la montée en bus. Or voici qu’après 5 minutes nous nous retrouvons dans un bouchon… à 1800m! Après 15min de lecture et un oeuf dur cuit sur le crâne de Chloé, nous nous décidons à descendre du bus et monter à pied. 100 mètres plus loin, nous voyons le bus dépasser la file de voitures qui attendaient pour payer le péage des 5 derniers kilomètres de route… nous voici avec un deuxième oeuf dur. La balade n’en est pas moins magnifique. Nous nous amusons à dénicher les quelques cordées de grimpeurs que nous entendons dans les imposantes faces de la montagnes.

Ayant fait le tour des magasins de luxe de Cortina, nous décidons d’avancer dans la vallée suivante pour aller au camping Sass Dlacia: nous voici à 1700m de quoi définitivement se remettre de la chaleur écrasante de la plaine. Les nuits sont fraîches. Heureusement il y a un bar en plein air avec un feu bien chaud. Pendant que Chloé se repose un après-midi, Didier court en haut de la montagne d’à côté, le Setsas.

Nous continuons avec notre quizz: sur la photo suivante, au travers d’une position de mitrailleuse, nous voyons la/le “… di Lana”:

Il s’agit bien d’un pic (avec certes un cratère), s’appelant le Col di Lana. Il s’agit probablement d’une technique de diversion autrichienne pour semer la confusion chez l’envahisseur italien lors de la première guerre mondiale...

Nous nous fixons ensuite un vrai objectif alpin: se faire une fondue en hauteur. Cap sur le Col di Lana, où nous dénichons sur la carte une cabane non gardée à 2462m.

C’est sans compter sur la dernière tempête qui a couché les arbres sur notre itinéraire planifié. Ni une ni deux, nous nous lançons pour une deuxième tentative le lendemain, avec succès ce coup-ci. Sur le chemin nous trouvons même la fameuse Joubarbe des Dolomites, réputées uniques au Dolomites (sic), à nos yeux identique à la Joubarbe des montagnes, commune en Suisse.

Le soir, on se cuisine une fondue moitié-moitié à base de Parmiggiano et de fromage d’alpage local, délicieux. Nous avons tout de même quelques gouttes de sueur. Notre bombonne de gaz presque vide tiendra-t’elle jusqu’à la fin de la fondue? Au soulagement des patriotes, la réponse est oui.

Du haut de la montagne, nous avons un magnifique coucher de soleil dansant dans les nuages. À cette altitude, la voûte étoilée est superbe. La comète Neowise et son panache, en visite pour quelques jours, sont même visibles.

Le lendemain nous prenons le temps pour rentrer au camping, et notamment prendre la mesure des combats terribles qui ont eu lieu ici. Le Col di Lana a perdu plusieurs mètres de son sommet lors de l’attaque italienne pour le prendre. La crête de la montagne est parcourue sur toute sa longueur par des tranchées, des galeries et des salles souterraines. Un cratère de 80 mètres de long et 40 de profond la coupe en deux. Nous sommes à 2400m d’altitude, pendant trois ans, entre 1915 et 1918 été comme hiver, des soldats ont vécu et mourru ici, pour quelques caillous et un front qui n’aura bougé que de quelques centaines de mètres.

Un rayon de soleil à travers le cratère de la crête du Col di Lana

Bref, notre escapade au Col di Lana nous aura comblé, que ce soit au niveau historique, astronomique, gastronomique ou botanique.

Le 23 Juillet, nous nous lançons dans une autre expédition à la gloire de l’absurdité humaine. Nous montons dans le Lagazuoi. “Dans” car nous montons 300 mètres dans des tunnels italiens de la guerre, taillés dans la roche, complets avec barraquements et salles de téléphérique. À côté, c’est un pan de montagne complet que les autrichiens ont fait tomber sur la tête des italiens. Nous nous arrêtons à un petit lac dans la descente pour se baigner.

Les Dolomites sont belles et très différentes de nos alpes Suisses que Chloé va retrouver quelques jours se reposer proprement.

À la sortie de Cortina d’Ampezzo, un gérant d’hôtel maroccain nous prend en autostop. Il parle six langues. Cela fait 15 ans qu’il est installé par ici et comme tous les midis il est en route pour aller jouer aux cartes avec ses potes du village d’en dessous. Avant de nous quitter il nous offre le cappuccino. On retrouve nos vélos à San Dona di Piave et le lendemain on prend le train pour Milan.

Là nous nous séparons le temps que Chloé retrouve la forme, Didier part pour l’île d’Elbe.